Il y a plusieurs décénies, quand la question de la décriminalisation de la marijuana est revenue de nouveau au premier plan aux États-Unis et en Europe, des opposants de cette suggestion, sous pretexte idéologique, moral et économique, ont souvent exagéré les conséquences dangereuses de la libre consommation de marijuana, en essayant d’effrayer l’oppinion publique.
De nos jours, beaucoup d’exemples ont démontré que ces exagérations ne sont que de simples exagérations, les opposants s’appuyant sur des arguments erronés, parce que la décriminalisation de la marijuana ne signifie point le manque d’un contrôle rigureux sur le marché de l’herbe. Au contraire, le but de la décriminalisation est de surveiller de près et de rendre transparent l’ancien système invisible, qui avait plus de victimes que de bénéficiaires.
En Espagne les mesures de la dépénalisation de l’utilisation du cannabis sont plus avancées que dans d’autres pays européens, mais elles restent toutefois assez loin des succès obtenus par d’autres pays. On peut affirmer que le pays a encore un long chemin à parcourir en ce sens, mais il a fait déjà les premiers pas, les pas les plus difficiles sur ce long chemin.
Il faut savoir aussi que les questions juridiques espagnoles se référant au cannabis ne sont pas trop cohérantes, il y a encore des issues favorisant les personnes suspectes et cela explique la position de la population qui, malheureusement, par erreur, accuse la libre consommation du cannabis.
L’exemple le plus évident pour cette situation c’est l’exemple des clubs de cannabis de Barcelone, accusés pour la détérioration de la situation sociale, oubliant que ces clubs attirent un grand nombre de touristes dans la ville et assurent les moyens de subsistance d’une grande partie de la population. Malheureusement cette ouverture des clubs a apporté non seulement plus de consommateurs, mais a renforcé aussi la production de cannabis illégal et la présence du monde interlope.
Mais voyons si les habitants indignés ont-ils vraiment raison ?
La réponse à cette question est assez compliquée. Le but général de la légalisation du cannabis est celui de la transparence. Les pas faits en Espagne ont mené à des résultats positifs et ses pas ont eu plus de succès que la lutte directe contre les drogues (les consommateurs des drogues plus fortes préfèrent maintenant des drogues plus faibles), le marché noir a restreint sa zone d’activité (le dernier temps en Espagne la demande pour les drogues naturelles est devenue plus grande que l’exigence pour le hashish marocain, causant ainsi de grands préjudices et des pertes de revenu aux dealers ; EMCDDA, 2014). Néanmoins, les problèmes des habitants de Barcelone sont bien fondés, mais il s’agit d’un problème local auquel seuls les autorités locales peuvent donner réponse et peuvent le résoudre. Ici le problème est causé non seulement par les clubs de cannabis, mais aussi par le tourisme en spécial.
(observation : comme habitant de Barcelone j’ai souvent senti que le centre de la ville, les lieux d’amusement, les bars et les restaurants sont envahis par les touristes, les habitants de la ville, les barcelonais, nous n’y pouvons pas entrer que de décembre au février, quand la saison touristique nous permet).
Il est certain que la culture de cannabis en Espagne ne satisfait pas ses consommateurs. Mais cette situation n’est pas la conséquence de la dépénalisation de l’utilisation du cannabis. Autrefois, par manque de possibilités légales, le marché noir fournissait 100% toutes les drogues, mais à présent ce pourcentage a considérablemet baissé ainsi que le taux de consommation a augmenté ces dernières années.
Dans un article de l’International Journal of Drug Policy, publié en 2016, intitulé « La présentation de la culture du cannabis en Espagne : plantations, producteurs et systèmes de production« , les auteurs ont parfaitement résumé le processus qui s’y déroule à présent et ses conséquences sur la société. Ils nous montrent aussi que les statistiques ne sont pas toujours précises, surtout s’il s’agit des taux de consommation.
Les principaux résultats de l’étude
- Autrefois, les drogues ayant à la base le cannabis, étaient produites dans les pays en voie de développement, pour servir les consommateurs de l’occident. Á présent, la production illégale du cannabis a augmenté.. C’est aussi le cas de L’Espagne.Le Canada, le Méxique et les États-Unis sont les plus grands producteurs de cannabis, tandis que l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont devenues complètement autonomes.
- En Europe, tels pays comme la Hollande, la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni – autrefois importeurs de cannabis – ont développé leur propre industrie de marijuana.En Espagne la production illégale de marijuana augmente rapidement et cela s’explique par la baisse des exportations du hashish marocain (on explique ce fait par la confiscation du cannabis illégal, dont le pourcentage a baissé avec 44% entre 2008 et 2014, de 683 tonnes à 380 tonnes).
- Á la même époque, la quantité de cannabis illégale capturée a augmenté avec 300%, de 4 tonnes à 16 tonnes (!)
- La réduction de la production marocaine – en coordination avec les autorités espagnoles – ainsi que des mesures restrictives locales, ont aidé à réduire cette production. Les auteurs de l’article présentent l’interview avec un commerçant andalou qui révèle des détails inquiétants : il dit qu’il y a un vrai know-how (savoir faire) de l’ouest vers Maroc qui augmente la valeur de la puissance du produit et réduit les pertes, mais qui n’exige pas la hausse des prix.
- En Espagne la quantité de marijuana cultivée localement a beaucoup augmenté, fait qu’on peut voir dans les dates de la police. En 2012 la police a détruit avec 67% plus de plantes, mais la quantité a augmenté de 24 tonnes en 2012 à 40 tonnes en 2016.
- La demande interne de cannabis est restée élevée.
- L’Espagne est l’un des plus grands consommateurs de cannabis de l’Europe.
- Une enquête nationale de 2013 faite dans les ménages a montré que 7% des personnes intérrogées a consommé du cannabis les derniers mois et 2% chaque jour. Ce pourcentage était de 8% et 2% il y a quatre ans.
- Selon les estimations des auteurs de l’étude, la proportion des consommateurs débutants et occasionnels a diminué en Espagne, tandis que celle des consommateurs réguliers et intensifs reste invariable ou a un peu augmenté.
- Au temps des crises économiques la demande du cannabis et de ses dérivés augmente, dont la conséquence est l’augmentation des prix et cette situation reste jusqu’au moment où la production locale ne satisfait les nécessités des consommateurs. Cette constatation des auteurs est basée sur des dates assez intéressantes, ayant comme donnée de calcul la rate annuelle du changement du pollen atmosphérique du cannabis dans la région de Malaga, rate qui est devenue trois fois plus grande dans la période de crise.
- Selon cette étude il y a beaucoup de preuves qui montrent que la production du cannabis a augmenté de façon significative en Espagne au cours des cinq dernières années, mais concernant ce processus existent peu de données fiables.
Selon mon avis, la dépénalisation de l’utilisation du cannabis et ses conséquences bénéfiques vont rendre, pas á pas, plus visibles et plus accessibles les dates réelles, ayant ainsi la possibilité de faire des estimations et des analyses plus précises.
L’Espagne se trouve encore au début de ce processus, mais elle est sur la bonne voie.
Avec la légalisation de l’herbe sont déjà perceptibles à moyen terme les avantages économiques présentes chez la plupart des habitants, fait positif qui peut mener à une ouverture plus grande.